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on ze road again...
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9 février 2007

dernière étape angolaise

les_blanchemanches_copie

J’ai fini par trouver quelqu’un qui pouvait stocker ma bécane. C’est rigolo, quelqu’un qui connaît quelqu’un, qui connaît quelqu’un et me voilà dans une cour  à côté d’une piscine vide à démonter ma moto chez un mec dont je ne connais même pas le nom mais qui a l’habitude de secourir les motards en détresse. Tiens, la preuve, un jour, ce gars-là a recueilli chez lui un mec qui s’était  pété le bras au Congo en guerre et qu’un convoi militaire avait ramené depuis la frontière jusqu’à Luanda ; Il avait dû en chier le mec !
C’était  un Alsacien qui faisait le tour d’Afrique avec une Yam TDM 850… Le tour en TDM, y’ faut être un peu gonflé, comme bête de tout terrain on a vu mieux…Mais c’est bizarre, en quelle année c’était ?
Oh, je sais plus trop, qu’il me répond…il doit y avoir pas loin de dix ans.
En quatre vingt dix sept, je me souviens, j’étais descendu de  Tanger à Abidjan  et sur la piste sublime qui relie Kayes à Bamako j’avais rencontré un alsacien qui faisait le tour d’Afrique en TDM…c’était assez incroyable , on faisait la sieste, mon passager belge et moi, sous un épineux rachitique parce qu’il faisait vraiment trop chaud pour continuer à rouler. Ce bruit de moteur au loin, ça nous a fait bizarre. Cette piste qui se balade entre le fleuve et la voie ferrée a cette particularité sublime, de n’être fréquentée par aucun camion, aucun quat’quat’, rien qu’un train tous les trois jours et des villes vivants à son rythme. J’ai longtemps classé ces six cent bornes dans mon best off des pistes d’Afrique de l’Ouest, jusqu’à ce qu’on m’apprenne récemment qu’elle avait été goudronnée. Tout fout l’ camp… mais ce n’est pas maintenant que je vais reprocher à l’Afrique de moderniser ses routes.
Notre alsacien, on se l’était gardé jusqu’à Bamako, et puis nos routes se sont séparées. Arrivé à Abidjan, un mois plus tard, j’étais allé me reposer un peu à Grand Bassam, l’ancienne station balnéaire coloniale avec ses jolies maisons en ruines.  Et là, voilà que je retombe sur mon alsacien qui lui aussi avait décidé d’un peu se poser là. C’est vrai, le monde est petit qu’on dit toujours, mais, des fois, y’a de quoi y croire. Quelques années plus tard, je l’ai revu  chez moi, tout simplement. Il avait fini son tour d’Afrique tant bien que mal et il bossait dans la région. Comme il avait gardé mon adresse, il passait boire un coup. Après je ne sais pas ce qu’il est devenu ; c’est toujours comme ça.
Mais voilà que je retrouve sa trace à rebours à Luanda.
Christophe Hermann, qu’il s’appelait, s’il est toujours sur la route, je le salue bien, je suppose que je le recroiserai un de ces jours. J’ai l’habitude, maintenant.
motocasse Ce matin, il fallait que j’aille chercher mon billet d’avion, quelques outils et que je passe saluer ma nouvelle famille angolaise.  J’ai donc mis deux bougies neuves, je ne pouvais pas résister à l’envie de cette dernière petite dose. Mais c’est toujours comme ça, ça n’a même pas tenu cinq kilomètres, et si j’ai dû continuer à pied en plein cagnard, tant pis pour ma gueule, je l’avais bien cherché ! Il a fallu qu’on vienne me récupérer avec un vieux pick-up rouge    pour m’amener près de la piscine vide .
Je n’avais jamais désossé ma bécane à ce point avant de l’abandonner . Je me demande, s’il n’y a pas quelque  chose de ridicule là-dedans.
Faut-il vraiment tenter de ressusciter les morts.  J’ai quelques mois pour méditer ça. Mais bon, je vais quand même essayer.
Il y’a une heure de vol de Luanda à Kinshasa, un autre espace temps, petit à petit je m’éloigne du rythme de l’Afrique.

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